mardi 26 juin 2012

J'y suis !

 
87 jours, beaucoup de partage, de bonheur, d émotion,
de surprises, de rire, de réflexions, d'idées,
de lègèreté, quelques ampoules,
de la douleur, parfois des pleurs,
quelques moments de découragement et d impatience...

Je suis arrivée à Saint-Jacques.

mercredi 6 juin 2012

1/6 Laredo - Güemes

Départ matinal du couvent, à part deux  pèlerins et quelques rares estivans, nous sommes seuls à traverser la longue plage de 4 km de Laredo, afin d'atteindre la pointe sableuse d'où part un petit bateau vers Santona, la patrie des anchois.
A l'embarcadère nous rencontrons trois autres pèlerins : un bel hihalgo bronzé, moustache, barbe et cheveux mi-longs ( enfin, l'idée que je m'en fait ), Sandy , un américain et Sébastien venu le rejoindre une semaine, son ami d'origine allemande.
Moment de grâce en attendant le premier bateau, dans  une belle luminosité matinale, nous partageons un petit déjeuner composé de pain et de chocolat en nous imprégnant de la beauté de ce lieu un peu sauvage.
Passé Santona, c'est à nouveau la route et des paysages sans intérêt qui nous attendent. J'avance automatiquement, soutenue par l'image de la collégiale de Bareyo, village que nous atteignons fin d'après midi. Et là quelle dégelée ! Je ne trouve ni collégiale, ni balisage...La musique de Florence and the Machine m'empêche de m'effondrer. La cerise sur le gâteau : coup de fil de Jean-Luc et Christian que nous devons retrouver ce soir, ont dû repartir en urgence suite au décès d'un oncle de Christian.
 J'arrive à l'albergue du Padre Ernesto quasi liquéfiée, je doute de plus en plus de mon choix de chemin, j'aurais dù prendre le Camino Frances même si il y a plus de monde.
A 19h30 rassemblement général, tous les pèlerins sont invités à un meeting d'un second du Padre à sa gloire.
Exposé scolaire sur la vie, les voyages, les convictions du Padre, qui nous refera la prestation lors du souper; tout cela casse un peu l'ambiance, elle est toutefois allégée par l'hidalgo de ce matin qui a été improvisé interprète anglophone et qui s'exécute avec humour.
Les commentaires de Jean-luc me manquent cruellement, mais à les imaginer Philippe et moi sourions.
Le repas se déroule au rythme des conversations et partages dans diverses langues, je suis entourée d' allemands, d'américains, de suisses, de français, un polonais et d'espagnols bien sûr. Il est dommage que les hospitaliers ne se soient pas mêlés à nous.
Cette soirée me permets de prendre un peu de distance par rapport à ma journée difficile.

22/5 San Sebastian - Azuski

Partis sous un ciel gris et maussade, nous trouvons le brouillard en altitude, je n'y vois pas à 20 mètres. Impossible de jouir du paysage qui est en bord de mer, seules la sensation du vent et les odeurs me renseignent. Comme en France nous rencontrons un petit étal de boissons pour  pèlerins et des encouragements, que cela fait du bien ! Nous marchons sur d'anciennes calzadas, plus ou moins conservées, ces voies sont empruntées depuis des siècles par les pèlerins.
Mettre ses pas dans ceux de tant d'autres avec peut-être les mêmes pensées et réflexions, me fait rêver et un peu oublier ce mal de dos que je tente, en vain, d'atténuer en tirant ou relâchant toutes les sangles possibles de mon sac, avec qui, décidément, je ne suis pas amie ! A midi super pintchos au menu dans le joli port d'Orio, le soleil pointe un petit bout de nez !
Arrivés à Zarautz, sous les "buen camino" d'une passante, nous découvrons que l'auberge de jeunesse est pleine...d'enfants, et oui comme me l'explique l'accueillante c'est une albergue "juvenile"  très drôle !
Mais allez savoir pourquoi, je n'ai nulle envie de rire en apprenant qu'il faut encore marcher, mais surtout transporter ce foutu sac, durant 7 km.
Après avoir traversés des vignobles de txakoli, un blanc légèrement pétillant, breuvage de ce soir, et après 29 km, nous atteignons Askizu. La plupart des autres pélerins occupant l'albergue privée, nous sommes seuls dans celle mise à disposition par la minicipalité, des lits superposés à deux étages la meublent et une des fenètres du dortoir donne sur la mer où le soleil se couche, il y a même du réseau "fifi", bonheur !

21/5 Irun - San Sebastian

Au petit déjeuner, nous découvrons un Jean-Luc encore plus en forme qu'hier soir ! Son humour me fait rire et il me fait beaucoup penser à mon grand ami Jean-Pierre avec qui j'ai fait mes études.
Sous une pluie battante et un vent à décorner des boeufs, nous entamons l'ascension du mont Jaizkibel, la piste arrivant à flanc de coteaux sur le versant opposé à la mer, nous sommes enfin protégés du vent. Nous croisons des chevaux ruisselants de pluie aussi dépités que nous par la météo. Dans la descente vers le port de Pasaia Donibane, nous découvrons l'amour immodéré des espagnols pour le béton, peu de chemin ont leur revêtement naturel et sommes devant le fait que les chapelles, ermitas, et églises sont majoritairement fermées. Avant la traversée d'un bras de mer, appelé rio, nous dégustons queques pintxos, tapas en pays basque, mmmhhh délicieux, mais aie aie aie , bonjour les calories. J'abandonne, définitivement, l'idée de rentrer filiforme au pays !
Sur l'autre rive, un joli chemin côtier nous attend, il grimpe rapidement donnant une belle vue sur la côte et les phares la signalant.
Arrivés à San Sébastian sous la pluie, nous nous hâtons de traverser la ville et d'arriver à l'auberge de jeunesse, silence mauvaises langues, il n'y a pas de limite d'âge !

20/5 Saint-Jean de Luz - Irun

Pluie et vent dés le matin, au marché, nous achetons local : du thon germon et des piquillos en prévision du repas de ce soir. Le chemin, bien que longeant la côte, n'est pas très agréable, il jouxte une route fréquentée .
Mon mal de dos me taraude et souvent je pense aux résidants de La Petite Plante qui vivent cela au quotidien, quels courage et patience ils ont  pour nous faire des sourires et entrer en communication !.
A Hendaye, nous passons devant le centre héliomarin qui accueille des personnes polyhandicapées. Ah souvenirs, souvenirs Stéphanie ! Arrivés á Irun dégoulinants, nous dînons dans un petit resto où la propriétaire et des clients me posent des questions sur le périple et nous encouragent pour le chemin côtier, réputé difficile vu les dénivelés importants de la première semaine.
Nous rejoignons Hondarriba par bateau, la traversée, même de courte durée, conforte l 'impression de passage de frontière.
Le temps semble se dégager un peu, il faut encore marcher 8 km pour rejoindre l'auberge, appelée ici albergue, d'Irun. Nous y rencontrons pour la première fois Christian, du bassin d'Arcachon et Jean-Luc, de Paris, ils se sont rencontrés il y a deux ans sur le camino et depuis cheminent ensemble; assez différents : le premier speedé à l'humour potache et le second à la voix sage et l'humour pince sans rire. Il ya aussi Margot ( prononcez le T , s'il vous plait ) allemande, qui baragouine un peu d'anglais et un peu plus d'espagnol:
Cela me fait du bien de retrouver d'autres pélerins .

lundi 28 mai 2012

19/5 Itxassou - Espelette - Saint-Jean de Luz

Aujourd'hui c' est samedi et un paquet de Belgique m'attend à la poste d'Espelette, nous prenons un taxi afin d'être à l' heure d'ouverture. J'en profite pour envoyer un colis de spécialités locales à ma petite famille et quelques vêtements chauds devenus superflus, du moins je le pense...Quelques photos, sous un ciel gris, des fameux piments pendant aux façades; de suite après une pluie torrentielle se déclenche, une heure plus tard elle  ne semble décidée à s'arrêter: Le chemin du jour suit un Gr en altitude complètement dans les nuages. Devant l'heure tardive et le danger non négligeable de cette étape , nous décidons de faire du stop, qui s'y colle ? Devinez ?
Le pire c'est que cela marche,à peine après avoir levé le pouce une voiture s'arrête et nous mène à destination.
Même sous la pluie Saint Jean de Luz c'est beau !
Pourvu que demain le soleil revienne, je consulte mon IBrol, aie aie aie que d'humidité en perspective...

18/5 Hélette - Itxassou

Après un petit déjeuner mémorable oú j'ai troqué la confiture en barquette et le choco contre du fromage de brebis basque et de la confiture de cerises noires la spécialité de la destination du jour, Itxassou, aucun logement n'étant disponible sur Espelette et oui c'est vendredi soir sur la terre, nous démarrons....
Visite de l'église de style basque moins sympathique que celle d'hier , plus pompeuse, mais dans le cimetière une belle surprise m'attend : une stelle funéraire basque bicolore, vous verrez sur les photos, elle est magnifique !
Aprés quelques kilomètres dans les mêmes paysages qu'hier, seconde surprise de la journée : nous trouvons un chemin de terre balisé de coquilles. Cependant, après quelques kilomètres un fermier nous dit que nous sommes dans une mauvaise direction et nous indique la direction à prendre. Très vite elle devient nébuleuse et nous faisons du hors-piste, une de mes spécialités rappelez-vous !. A vue de nez nous descendons vers la vallée, je veux absolument passer une barrière et couper à travers champs , et me laisse convaincre du contraire par mon co-pèlerin qui trouve que les belges sont indisciplinés ! Renseignements pris plus loin près d'un fermier...C'était le bon chemin...intuition féminine peut-être....
La suite de l'étape se déroule sans soucis en suivant les indications du guide.
Les derniers kilomètres, sur une départementale trés fréquentée, sont pénibles, nous arrivons dans Itxassou, un village très parsemé où j'ai l'impression de marcher des kilomètres sans voir le centre.
L'hôtel est situé près de l'immense église et son, non moins grand, cimetière dont la spécialité est, si vous me permettez l'expression ,  la stèle funéraire basque, je me régale !

17/5 Saint-Palais - Helette

Sous un soleil de plomb, départ pour Hélette au coeur du pays basque, aucun balisage uniquement les conseils de notre logeur d'hier et un guide des chemins de Saint-Jacques en pays basque. C'est  un paysage de collines verdoyantes où sur les pentes sont construites de grandes fermes blanches aux volets et portes rouge foncé. En traversant un village un peu en avance sur Philippe, je suis interpellée par un homme qui a vu la coquille sur mon sac et me demande, après les questions d'usage, si je n'ai pas peur de voyager seule...ici je ne risque rien me dit il mais plus loin...Ouf, Philippe arrive, je ne suis pas mécontente d'être accompagnée, je marche un peu devant gardant l'illusion que je suis seule...
Pic-nic sous le porche de la trés belle église d'un village basque, ouverte cette fois; à l'intérieur des galeries de bois couvrent les côtés sur deux étages, le choeur est totalement occupé par un riche et gigantesque retable, malgré cela il se dégage de cet endroit familial une paix et l'envie de s'y attarder naît...
La fin de parcours est assez dure, il fait chaud et le bitume est présent depuis le matin.
Arrivée á Hélette dans un petit hôtel, ici pas de gîte pèlerin connu, les propriétaires, de bons vivants fiers des produits du terroir, nous font découvritr la gastronomie basque et l'humour du patron sous son côté bourru basque.

15/5 Navarrenx - Aroue

Ayant une petite distance à marcher ce jour, je profite de la matinée pour déposer des messages sur ce blog et faire mon courrier papier. Aujourd'hui c'est déjà ma dernière étape complète sur la via Podensis; demain je quitte ce chemin, traverse le pays basque et je rejoins le Camino Norte , le chemin côtier, qui va de Irun à  Saint Jacques de Compostelle. Je suis un peu triste de quitter l'ambiance de ce chemin, bien qu'elle ne soit plus aussi perceptible depuis quelques jours.
Cette nouvelle partie du chemin, pas balisée et très peu fréquentée, je vais la faire avec un ami-pelerin, Philippe, qui a fait plusieurs tronçons du Camino dont la ruta de la plata ( Seville - Saint-Jacques ). Nous avons prévu de nous retrouver demain á Saint-Palais, partant tardivement je le rencontre á la terrasse d' un café de Navarrenx : bon, eh bien le rendez vous est avancé d'un jour, encore un coup du chemin cela !
Durant toute l'étape du jour, sous un joli soleil et une petite brise, nous nous racontons notre camino mutuel, chacun son tour détaillant rencontres et etapes. Aucun pelerin connu de l'un ou de l'autre n'est croisé.
Dans les environs d' Aroue seules des chambres d'hôte sont encore libres, bon ben...le luxe alors !































16/5 Arroue -Saint-Palais

En route vers Saint-Palais nous croisons deux pèlerines bien connues de Philippe, elles marchent une semaine par an à allure sportive, une des deux finit les côtes en courrant : quelle santé ! Après un brin de causette, elles mettent le clignotant et s'éloignent quasi en me décoiffant. Le paysage est magnifique, nous abordons les jolies collines vertes du pays basque. Nous rencontrons une dame, accompagnée de son chien, cueillant le fameux "bouchou ou choubou...", elle m'explique que ce sont des asperges sauvages, elle les cuit quelques minutes dans l'eau salée, les manges avec des lardons frits, un oeuf sur le plat, de huile d'olive, un peu de vinaigre, sel et poivre , il est 10h et j'ai déjà faim ! Elle accepte de poser pour une photo.
Une jolie chapelle borde le chemin  mais hélas elle est fermée. Toutefois, dans le cimetière attenant, je contemple des stèles funéraires basques...une merveille.
Lors de la bifurcation d'un chemin, deux options se présentent pour rejoindre Saint-Palais, je choisis la plus longue, non non je ne suis pas devenue folle, elle passe par la stèle de Gibraltar, endroit où se rejoignent tous les chemins de France pour aller vers Saint-Jean-Pied-de-Port. Je remomterai alors la voie de Vezelay durant quelques kilomètres.
Un fermier en tracteur nous interpelle, nous en profitons pour lui demander une bonne adresse pour ce soir, il nous explique que rien ne vaut les produits maison : je saute sur l'occasion, et le convains de nous vendre du fromage pour le pic-nic, il ne fais pas de vin...rien n'est parfait !
A la stèle, juste un petit monument et personne, dommage j'aurais aimé y rencontrer des têtes connues et appréciées.
Adios chemin du Puy !