samedi 19 mai 2012

14/5 Maslacq - Navarrenx

Au matin belle surprise pour tous, Chantal, la propriétaire du gîte nous a préparé une superbe table de déjeuner digne d' une chambre d' hôte. Je démarre en forme sous le soleil, à peine à la sortie du village je rencontre un trio de joyeux drilles : Gilles, Jean et Jean-Louis. Chaque année il passe une dizaine de jours sur le chemin, entre 50 et 60 ans, chacun sa spécificité : le photographe, faisant fi du poids il emmène son D 90 et mitraille visages, monuments et paysages; le botaniste attentif à toutes pousses végétales,  me parle des vertus purgatives d'une plante grimpante rencontrée: le faitbouchou à moins que ce soit faitchougnou...( en fait je ne me souviens plus de son nom ) et le religieux, un peu plus âgé et non dénué d'humour.
Pour la première fois, je vais marcher avec un groupe durant toute l'étape. Surtout avec Gilles qui a un rythme comparable au mien, nous parlons de tout et de rien et découvrons en fin de journée que nous sommes confrères. Cette année ils s'arrêtent après Roncevaux, Jean-Louis a de l'appréhension par rapport à la fréquentation élevée du Camino Frances. Durant un pic-nic partagé dans les sous bois, sur une jolie table , un banc assorti auprès d'une fontaine ( tout cela pour vous donner envie...) je leur explique l'itinéraire du chemin de côtier que je vais emprunté, tous trois semblent intéressés. Dés leur retour ils vont me suivre sur ce blog, j'ai passé une très bonne journée en leur compagnie emplie d' humour, de légèreté et parfois d' éléments de  réflexion plus profonde sur ma profession.
Ce soir, je loge chez l'Alchimist, un gîte privé tenu par Gaëtan, dans une très jolie maison au centre de Navarrenx. Depuis Miradoux, il parsème le chemin de petites ardoises où il inscrit des phrases pouvant ouvrir ou soutenir la réflexion de chacun. C'est sa manière d'être avec les pèlerins. Il nous prépare un délicieux repas où les crudités occupent une place importante ce qui est rarissime sur le chemin. Autour de la table, aucun visage connu, et un partage d' idées assez conventionnel.
Gaëtan me charge de deux ardoises une à poser  après Navarrenx et l'autre plus loin vers le chemin de la côte.


mardi 15 mai 2012

13/5 Pomps - Maslacq

Après un petit-déjeuner à la hauteur de l'accueil de la veille, un signe empli d'émotion à Christian et  échange des coordonnées, je continue le chemin. Peut-être nous reverrons nous sur le Norte, à partir de ce jour nos étapes divergent.
Un court chemin, 18 km, sans grand intérêt m'amène à Maslacq, sous un beau soleil.
Au gîte, la propriétaire s'est trompée dans les réservations, au tarif du dortoir elle m'offre une chambre seule avec salle de bain privée ! C'est déjà mon anniversaire ou quoi !
Après un long bain, je trouve enfin le courage d'écrire un rapport de conseil d'administration qui m'accompagne depuis Cluny, demain je serai tout à fait légère.Je vous rassure, je vais essayer de garder les pieds sur terre !
Au soir, repas au resto du coin avec trois autres pèlerins dont Henk belge d'origine néerlandaise.
Il me fait comprendre avec humour qu'il fête ses 64 ans ce soir en me faisant écouter " When i 'm sisty-four" de John Lennon. Ravi de nous avoir autour de lui et nous de même, nous fêtons dignement l’évènement : bougie, chansons et armagnac !

12/5 Pimbo - Pomps

Je sais : le titre de ce message fait plus penser à des onomatopées de bisounours qu'à une étape de Saint-Jacques de Compostelle dans les landes. Ce matin Nayuta a quitté le gîte aux petites heures n'ayant pas trouvé d' hébergement pour ce soir, elle tient à être présente à l'ouverture pour pouvoir bénéficier de la place d'un éventuel désistement. C'est avec Christian que je déjeune, lui aussi compte prendre le chemin du nord en Espagne et il m'indique un guide décrivant les trois étapes qui traversent le pays basque et permettent de joindre Saint Palais à Saint-Jean de Luz; il me fait également le topo de l'étape du jour. C'est  grâce à ses renseignements que je trouve une place à dormir ce soir. Depuis Lauzerte, je me sens en confiance avec lui, physiquement il ressemble à mon grand-père que j'aimais beaucoup; bien qu'il ai l'âge de mon père et ai exercé le même métier que lui...Encore durant cette journée nous nous croisons régulièrement et il me montre le chemin, hasards ?   Fancis Cabrel chante dans "Mademoiselle l'aventure" " il est des hasards qui sont des rendez-vous ". Je ne sais qu'en penser...et marcher c'est poser le pied sur ses pensées.
Il mousinne ce matin, comme aurait dit ma grand-mère, histoire de rester en famille.
Je profite de ce brumisateur naturel pour exposer mon visage qui va beaucoup mieux, merci; juste encore un peu de maquillage smoky vieux rose au dessus de l'oeil droit et quelques reliquats croûteux par ci par là ( pour vous ouvrir l'appétit !).
Il fait frais, le bonheur ! Je profite de tout ce qui m'entoure bruits, odeurs, goûts; j'avais oublié la saveur doucement sucrée de la base des trèfles roses. Par contre je suis outrée par une des plus grande arnaque de tous les temps : les violettes; j'en ai senti  et même goûté des dizaines depuis Cluny en passant par l'Aubrac, le Quercy, le Gers et tutti quanti, des parme, des blanches, des foncées ; verdict ni odeur ni saveur !
Je poursuis mon chemin par monts et par vaux, croise Nayuta marchant en sens inverse et comprenant son erreur; dépitée  repart à double allure .
Je passe près d'une demie heure devant une cavité dans un tronc d'arbre en essayant en vain photographier le  nid d'oisillons d'une mésange charbonnière, avec mon enthousiasme délirant j' ai oublié que je ne possède qu'un petit compact numérique, je vais essayer de garder ses images en mémoire, j'espère avoir assez de gigas!
A Pomps, Noëlle l'amie de notre hébergeur  vient nous chercher et nous redéposera demain sur le chemin. Quel bel endroit, une serviette de toilette, un lit avec de vrais draps, un repas savoureux nous attendent dans une ferme du 17 ème siècle appartenant à Raoul à l'accent délicieux et au sourire pareil. Il m'accueille en surnombre, ce soir je dors au milieu d'armoires béarnaises dans son salon, le Ritz !
                  


lundi 14 mai 2012

11/5 Barcelone du Gers - Pimbo

Après des adieux, Nayuta et moi décidons de marcher de concert, ayant réservé , sans se concerter au même endroit ce soir ! La traversée de Aire sur Adour n' est pas très intéressante, mais après une belle montée quelle belle surprise : une vue merveilleuse sur la chaîne des Pyrénées enneigées. Christian, qui sera  de la partie ce soir, semble également ému par le panorama.
A midi pi- nic dans les alentours ombragés de l'église de Miramont-Sensacq, les rares villages que nous traversons sont pratiquement déserts, ni épicerie ni boulangerie, je n' essaye même pas de vous parler de petits bars où trouver un breuvage quelconque. Il s' agit de s'organiser et l'eau potable...eh bien, tout bon pèlerin sait qu'il y en a dans les cimetières. En fin de parcours, une pose dans la jolie et fraîche chapelle de Sensacq ( vous placez ces deux adjectifs comme vous voulez, sachez qu'il fait plus de 32 degrés...) nous permet de trouver l'énergie pour continuer le chemin. derrière les arbres j'aperçois Pimbo ( pas bimbo, les garçons! ), une descente vertigineuse dans les sous-bois me ravigote et qu'elle n'est pas ma déception, à la sortie, de voir le village, oui mais juché sur une colline, de déception Nayuta m'entend crier un " Oh, non..." véhément .
Bon, je mords sur ma chique, et entreprends la montée en regardant le sol, par petits pas et avec l'aide des bâtons.
Nous arrivons au gîte en ayant des similitudes avec Johnny, si vous voyez ce que je veux dire...Christian, frais comme un rose, ayant déjà pris sa douche nous offre un verre de vin blanc froid; sans vouloir blasphémer, un goût de paradis !

10/5 Nogaro - Barcelonne du Gers

Contre toute attente, j' ai passé une nuit calme, merci Quies !
Départ tôt ce matin, la météo prévoit plus de 30 degrés, il y a deux semaines j'étais dans la neige et ces derniers jours les grillons bercent ma journée. Edith et Marie, deux jeunes pèlerines que je croise régulièrement depuis Moissac, Nayuta et moi avons réservé une chambre commune dans un gîte privé, un peu de luxe...
 Une petite brise m'accompagne en matinée, j' entrevois Christian, le policier liégeois à la retraite, il me branche sur le chemin à prendre afin de survivre à cette journée de grosse chaleur.
Très vite le soleil devient de plomb et malgré une halte sous les arbres à midi, je dois avoir du mal à connecter mes pauvres neurones amortis : je réussis à marcher 4 km en direction opposée à mon but !
J'interpelle une jeune femme en voiture qui m'explique qu'ici ni bus ni train ne passent, elle accepte de faire un détour et me redépose sur le chemin. Cette fois je décide de prendre la départementale, c' est tout droit, les bas côtés sont assez larges mais le souffle des camions n'est pas pour diminuer ma température corporelle.
Déjà que les personnes croisées me regardent, un peu inquiètes se demandant ce qu'il m' est arrivé, en plus maintenant le peu de peau intacte qu'il me reste est écarlate, promis je vous envoie une photo histoire de vous consoler si vous n'êtes pas satisfaits de votre minois.
Arrivée au gîte en état ( bien connu de l'acheteur ! ), nous nous préparons un petit repas d'enfer et de produits locaux, arrosé de Madiran. Demain Marie et Edith prennent une journée de repos, il est très probable que nous ne nous voyons plus...C'est ça aussi le Chemin :  partager puis se quitter en sachant que je laisse un peu de moi et emmène un peu des autres.

dimanche 13 mai 2012

9/5 Eauze - Nogaro

Je quitte tardivement la petite famille pour cause d'alimentation du bloc, et comme je tape sur le clavier à la vitesse d' un maréchal de logis prenant une déposition...vous mesurez le temps que cela me prend pour un article, aussi veuillez excuser les fautes d" orthographe et d' inattention...Bien que femme, il ne m'est pas toujours facile de faire deux choses à la fois !
La chaleur du soleil a déjà envahi l'espace mais les chemins sont ombragé et encore boueux par endroit en matinée. A mi journée j'arrive à Manciet où je retrouve Nayuta ( Fil ne cherche plus, c'est la bonne orthographe !). Nous communiquons avec mon anglais approximatif émaillé de quelques mots de néerlandais, le tout prononcé avec un accent  indéfinissable qui fait se rouler par terre mes enfants lorsque je parle. Et bien, ce langage couplé à des onomatopées nous permet de nous comprendre et même d'avoir de longue conversation. Revigorée par une petite salade gasconne accompagnée d' un verre de breuvage local, je poursuis mon chemin sous un soleil de plomb et une route trop fréquentée à mon goût.
Le gîte de Nogaro est situé dans la banlieue au milieu des grandes surfaces, nous dormons à treize dans une pièce heptagonale...Je vais m'acheter un pyjama et de nouvelles boules quies !
Nayuta apprécie les pâtes fraîches aux courgettes poêlées et tomates mi-cuites que je lui ai concoctées ! Nous mangeons à l'ombre et sous le parfum de pseudo-acacias, elle est pas belle la vie ?

samedi 12 mai 2012

8/5 Larresingle - Eauze

Après le pont D' Artigues, je quitte les deux cousines et Jacqueline, elles continuent vers Montréal et je me rends directement à Eauze par la route.  A cet endroit il y avait au moyen-âge un bâtiment qui accueillait 2000 personnes, il n' en reste que le pont...nous laissons bien peu de chose...
Après un début légèrement pluvieux, pendant lequel je m' abrite dans la chapelle de Routges (je n'ai  pas dit "rouchs" les footballeux !), le soleil fait une apparition remarquée au milieu des vignes, hé même pas mal la tête !
Dans les ruines d' une petite église romane du côté de Saint-Lanne, je découvre d' anciennes tombes au sein même du monument.
Au détour d' un chemin je retrouve Alain et son épouse, rencontrés à Chanaleille, quel plaisir de se revoir, ils ont eu des nouvelles de Jasper et moi via leur fils qui suit le bloc; ils me donnent des nouvelles de Danièle, la dame que j' avais emmenée faire du hors piste dans les marécages : elle a arrêté le chemin à Conques, très fatiguée. Si tu lis ce message Danièle, je t 'envoie de gros bisous.
L'arrivée à Eauze, sur le trajet d' une ancienne voie de chemin de fer me paraît interminable !
Je suis accueillie chez Pauline et Marcel qui ont ouvert cet accueil chrétien il y a 6 ans, leur petite Lucia de 1 an les accompagne, Martin, 3 ans, est en vacances.
Tout en préparant le repas et veillant à Lucia, Pauline est disponible à chacun et répond à mes questions sur son chemin de Compostelle, sa foi et ce qui les a amener, elle et Marcel à ouvrir ce gîte donativo et s'y consacrer totalement . Quelle richesse de partage, je remarque que ce type d'accueil m'est régulièrement nécessaire afin d'alimenter ma recherche spirituelle

7/5 Castelnau - Larresingle

Une de mes deux co-pèlerines de la nuit, Geneviève et Danièle, deux cousines faisant le chemin par morceaux, me renseignent une adresse gourmande : le ferme du Tollet à Larresingle. Danièle y est passée lors de son premier chemin en 2007, mémorable ! Nous décidons de nous y retrouver ce soir. C' est donc avec cette carotte que je vais avancer ce jour, la matinée est ardue : les chemins sont boueux à souhait et je m'en souviendrai la nuit prochaine, réveillée par des courbatures aux bras.
Arrivée à Condom, et oui quel chemin , après Moncuq, Condom; mais une fois de plus je vais vous décevoir, on prononce : Condon; toutefois il y a un musée de la chose, la preuve que vous n'êtes pas les seuls à être coquins ! Donc j'arrive dans cette jolie ville et j' y retrouve Jacqueline, rencontrée hier soir à Castelnau. Nous partageons un pic-nic sur un banc à l'ombre. Elle est infirmière, maman de quatre enfants dont une qu'elle a eu pendant ses études, que de choses à partager ! A deviser, le temps passe vite et nous découvrons Larresingle appelée la petite Carcassonne du Gers ! Ce village magnifique, surgit au milieu de nulle-part, et la magie de la marche permet de le découvrir petit à petit, de le déguster en quelque sorte telle une gourmandise longtemps attendue.
Nous atteignons ce gîte un peu surprenant, un cheval s'y promène tel un chien et vient vous quémander du sucre en passant la tête par les fenêtres et portes.
L' heure de l'apéro sonne , le propriétaire des lieux invite tous les pèlerins à un apéritif au floc de Gascogne de son crû, d' enfer mes amis!
Le repas suit avec un pâté de porc maison d' un élevage de famille : un des meilleurs que j' ai goûté ! Une canette au four, croustillante arrive alors accompagnée de frites maison à la graisse de canard ; à tomber là !
Et ce n'est pas fini , le tout est accompagné d' un côte de Gascogne bio maison, le dessert , un gâteau de madame aux ananas, copieusement arrosé d'armagnac...maison, mais là j' ai un peu peur de me répéter...surtout qu'attendrit par mon visage ,de Cassius Clay après une défaite au premier round par KO, j' ai droit à une double dose...
Quelle dure vie et que de privations sur ce chemin !


mercredi 9 mai 2012

6/5 Lectoure - Castelnau sur l'Auvignon

Hier, lors du repas, une pèlerine était en grande conversation avec Vincent, un jeune de 18 ans, lumineux qui fait le chemin; ce matin je marche avec elle. Maryvonne, presque 70 ans, beaucoup plus âgée qu'il n'y parait, est douce et déterminée. Elle est conteuse dans des maisons de repos et fait le chemin  tronçon par tronçon, elle y trouve l' inspiration , un peu de paix et de l'énergie à revendre !
Je lui raconte cette dame que j' ai rencontrée, qui brode des couvertures de couleurs douces, chacune unique. Terminées, elle les emmène dans un service de néonatologie où les infirmières en entourent les petits décédés trop tôt...Souvent les mamans gardent cette couverture, la dame-brodeuse ne les rencontre jamais, elle veut rester anonyme...
Une belle histoire, Maryvonne me dit que ce sera la dixième et q'elle lui donnera mon prénom; en nous quittant elle chante Ultréia, la chanson des pèlerins.
Vers La Romieu, je marche sur la route ,d' un pas alerte,  lorsqu'un orage éclate et je cours...j'ai oublié que je portais un sac à dos de 9 kilos. Et comme dirait le roi des papas ( Vincent Malone, à découvrir absolument pour ceux qui connaissent pas...), "Linda tu vas te fout par terre", bingo, je m' étale, au ralenti, face sur le bitume que je râpe, plutôt le contraire ! Un peu sonnée, recroquevillée sur le sol, j' essaie de faire un état des lieux !
Du sang sur le visage, peut-être une petite fracture du nez mais sans déplacement, le front d' un dauphin pilote, rien aux dents, des éraflures sur les joues, les avant-bras et les mains...Ouf ! pas de quoi arrêter Le Chemin. Impressionnés les occupants d'une voiture s' arrêtent et m'emmènent à l'office du tourisme convaincus par ma déclaration de profession. Dire que ce matin, devant le miroir, je trouvais que mon bronzage frôlait la perfection, Oh Vanité !
Je retrouve, Vincent , le jeune pèlerin, et Florent un québèquois; ils m'offrent le pic nic de réconfort. Vincent exhume un pain aux raisins datant de 48h, et nous tombons d' accord pour lui trouver des similitudes avec mon visage, les raisins en moins !
Ayant assez mal au dos, probable mauvaise réception de chute, je m'arrête à Castelnau dans un gîte privé où je dois quasi thérapisé le propriétaire qui craint la commotion cérébrale, la surinfection, le choléra ...et veut emmener chez...un docteur !