Départ matinal du couvent, à part deux pèlerins et quelques rares estivans, nous sommes seuls à traverser la longue plage de 4 km de Laredo, afin d'atteindre la pointe sableuse d'où part un petit bateau vers Santona, la patrie des anchois.
A l'embarcadère nous rencontrons trois autres pèlerins : un bel hihalgo bronzé, moustache, barbe et cheveux mi-longs ( enfin, l'idée que je m'en fait ), Sandy , un américain et Sébastien venu le rejoindre une semaine, son ami d'origine allemande.
Moment de grâce en attendant le premier bateau, dans une belle luminosité matinale, nous partageons un petit déjeuner composé de pain et de chocolat en nous imprégnant de la beauté de ce lieu un peu sauvage.
Passé Santona, c'est à nouveau la route et des paysages sans intérêt qui nous attendent. J'avance automatiquement, soutenue par l'image de la collégiale de Bareyo, village que nous atteignons fin d'après midi. Et là quelle dégelée ! Je ne trouve ni collégiale, ni balisage...La musique de Florence and the Machine m'empêche de m'effondrer. La cerise sur le gâteau : coup de fil de Jean-Luc et Christian que nous devons retrouver ce soir, ont dû repartir en urgence suite au décès d'un oncle de Christian.
J'arrive à l'albergue du Padre Ernesto quasi liquéfiée, je doute de plus en plus de mon choix de chemin, j'aurais dù prendre le Camino Frances même si il y a plus de monde.
A 19h30 rassemblement général, tous les pèlerins sont invités à un meeting d'un second du Padre à sa gloire.
Exposé scolaire sur la vie, les voyages, les convictions du Padre, qui nous refera la prestation lors du souper; tout cela casse un peu l'ambiance, elle est toutefois allégée par l'hidalgo de ce matin qui a été improvisé interprète anglophone et qui s'exécute avec humour.
Les commentaires de Jean-luc me manquent cruellement, mais à les imaginer Philippe et moi sourions.
Le repas se déroule au rythme des conversations et partages dans diverses langues, je suis entourée d' allemands, d'américains, de suisses, de français, un polonais et d'espagnols bien sûr. Il est dommage que les hospitaliers ne se soient pas mêlés à nous.
Cette soirée me permets de prendre un peu de distance par rapport à ma journée difficile.