Hier, lors du repas, une pèlerine était en grande conversation avec Vincent, un jeune de 18 ans, lumineux qui fait le chemin; ce matin je marche avec elle. Maryvonne, presque 70 ans, beaucoup plus âgée qu'il n'y parait, est douce et déterminée. Elle est conteuse dans des maisons de repos et fait le chemin tronçon par tronçon, elle y trouve l' inspiration , un peu de paix et de l'énergie à revendre !
Je lui raconte cette dame que j' ai rencontrée, qui brode des couvertures de couleurs douces, chacune unique. Terminées, elle les emmène dans un service de néonatologie où les infirmières en entourent les petits décédés trop tôt...Souvent les mamans gardent cette couverture, la dame-brodeuse ne les rencontre jamais, elle veut rester anonyme...
Une belle histoire, Maryvonne me dit que ce sera la dixième et q'elle lui donnera mon prénom; en nous quittant elle chante Ultréia, la chanson des pèlerins.
Vers La Romieu, je marche sur la route ,d' un pas alerte, lorsqu'un orage éclate et je cours...j'ai oublié que je portais un sac à dos de 9 kilos. Et comme dirait le roi des papas ( Vincent Malone, à découvrir absolument pour ceux qui connaissent pas...), "Linda tu vas te fout par terre", bingo, je m' étale, au ralenti, face sur le bitume que je râpe, plutôt le contraire ! Un peu sonnée, recroquevillée sur le sol, j' essaie de faire un état des lieux !
Du sang sur le visage, peut-être une petite fracture du nez mais sans déplacement, le front d' un dauphin pilote, rien aux dents, des éraflures sur les joues, les avant-bras et les mains...Ouf ! pas de quoi arrêter Le Chemin. Impressionnés les occupants d'une voiture s' arrêtent et m'emmènent à l'office du tourisme convaincus par ma déclaration de profession. Dire que ce matin, devant le miroir, je trouvais que mon bronzage frôlait la perfection, Oh Vanité !
Je retrouve, Vincent , le jeune pèlerin, et Florent un québèquois; ils m'offrent le pic nic de réconfort. Vincent exhume un pain aux raisins datant de 48h, et nous tombons d' accord pour lui trouver des similitudes avec mon visage, les raisins en moins !
Ayant assez mal au dos, probable mauvaise réception de chute, je m'arrête à Castelnau dans un gîte privé où je dois quasi thérapisé le propriétaire qui craint la commotion cérébrale, la surinfection, le choléra ...et veut emmener chez...un docteur !