lundi 28 mai 2012

19/5 Itxassou - Espelette - Saint-Jean de Luz

Aujourd'hui c' est samedi et un paquet de Belgique m'attend à la poste d'Espelette, nous prenons un taxi afin d'être à l' heure d'ouverture. J'en profite pour envoyer un colis de spécialités locales à ma petite famille et quelques vêtements chauds devenus superflus, du moins je le pense...Quelques photos, sous un ciel gris, des fameux piments pendant aux façades; de suite après une pluie torrentielle se déclenche, une heure plus tard elle  ne semble décidée à s'arrêter: Le chemin du jour suit un Gr en altitude complètement dans les nuages. Devant l'heure tardive et le danger non négligeable de cette étape , nous décidons de faire du stop, qui s'y colle ? Devinez ?
Le pire c'est que cela marche,à peine après avoir levé le pouce une voiture s'arrête et nous mène à destination.
Même sous la pluie Saint Jean de Luz c'est beau !
Pourvu que demain le soleil revienne, je consulte mon IBrol, aie aie aie que d'humidité en perspective...

18/5 Hélette - Itxassou

Après un petit déjeuner mémorable oú j'ai troqué la confiture en barquette et le choco contre du fromage de brebis basque et de la confiture de cerises noires la spécialité de la destination du jour, Itxassou, aucun logement n'étant disponible sur Espelette et oui c'est vendredi soir sur la terre, nous démarrons....
Visite de l'église de style basque moins sympathique que celle d'hier , plus pompeuse, mais dans le cimetière une belle surprise m'attend : une stelle funéraire basque bicolore, vous verrez sur les photos, elle est magnifique !
Aprés quelques kilomètres dans les mêmes paysages qu'hier, seconde surprise de la journée : nous trouvons un chemin de terre balisé de coquilles. Cependant, après quelques kilomètres un fermier nous dit que nous sommes dans une mauvaise direction et nous indique la direction à prendre. Très vite elle devient nébuleuse et nous faisons du hors-piste, une de mes spécialités rappelez-vous !. A vue de nez nous descendons vers la vallée, je veux absolument passer une barrière et couper à travers champs , et me laisse convaincre du contraire par mon co-pèlerin qui trouve que les belges sont indisciplinés ! Renseignements pris plus loin près d'un fermier...C'était le bon chemin...intuition féminine peut-être....
La suite de l'étape se déroule sans soucis en suivant les indications du guide.
Les derniers kilomètres, sur une départementale trés fréquentée, sont pénibles, nous arrivons dans Itxassou, un village très parsemé où j'ai l'impression de marcher des kilomètres sans voir le centre.
L'hôtel est situé près de l'immense église et son, non moins grand, cimetière dont la spécialité est, si vous me permettez l'expression ,  la stèle funéraire basque, je me régale !

17/5 Saint-Palais - Helette

Sous un soleil de plomb, départ pour Hélette au coeur du pays basque, aucun balisage uniquement les conseils de notre logeur d'hier et un guide des chemins de Saint-Jacques en pays basque. C'est  un paysage de collines verdoyantes où sur les pentes sont construites de grandes fermes blanches aux volets et portes rouge foncé. En traversant un village un peu en avance sur Philippe, je suis interpellée par un homme qui a vu la coquille sur mon sac et me demande, après les questions d'usage, si je n'ai pas peur de voyager seule...ici je ne risque rien me dit il mais plus loin...Ouf, Philippe arrive, je ne suis pas mécontente d'être accompagnée, je marche un peu devant gardant l'illusion que je suis seule...
Pic-nic sous le porche de la trés belle église d'un village basque, ouverte cette fois; à l'intérieur des galeries de bois couvrent les côtés sur deux étages, le choeur est totalement occupé par un riche et gigantesque retable, malgré cela il se dégage de cet endroit familial une paix et l'envie de s'y attarder naît...
La fin de parcours est assez dure, il fait chaud et le bitume est présent depuis le matin.
Arrivée á Hélette dans un petit hôtel, ici pas de gîte pèlerin connu, les propriétaires, de bons vivants fiers des produits du terroir, nous font découvritr la gastronomie basque et l'humour du patron sous son côté bourru basque.

15/5 Navarrenx - Aroue

Ayant une petite distance à marcher ce jour, je profite de la matinée pour déposer des messages sur ce blog et faire mon courrier papier. Aujourd'hui c'est déjà ma dernière étape complète sur la via Podensis; demain je quitte ce chemin, traverse le pays basque et je rejoins le Camino Norte , le chemin côtier, qui va de Irun à  Saint Jacques de Compostelle. Je suis un peu triste de quitter l'ambiance de ce chemin, bien qu'elle ne soit plus aussi perceptible depuis quelques jours.
Cette nouvelle partie du chemin, pas balisée et très peu fréquentée, je vais la faire avec un ami-pelerin, Philippe, qui a fait plusieurs tronçons du Camino dont la ruta de la plata ( Seville - Saint-Jacques ). Nous avons prévu de nous retrouver demain á Saint-Palais, partant tardivement je le rencontre á la terrasse d' un café de Navarrenx : bon, eh bien le rendez vous est avancé d'un jour, encore un coup du chemin cela !
Durant toute l'étape du jour, sous un joli soleil et une petite brise, nous nous racontons notre camino mutuel, chacun son tour détaillant rencontres et etapes. Aucun pelerin connu de l'un ou de l'autre n'est croisé.
Dans les environs d' Aroue seules des chambres d'hôte sont encore libres, bon ben...le luxe alors !































16/5 Arroue -Saint-Palais

En route vers Saint-Palais nous croisons deux pèlerines bien connues de Philippe, elles marchent une semaine par an à allure sportive, une des deux finit les côtes en courrant : quelle santé ! Après un brin de causette, elles mettent le clignotant et s'éloignent quasi en me décoiffant. Le paysage est magnifique, nous abordons les jolies collines vertes du pays basque. Nous rencontrons une dame, accompagnée de son chien, cueillant le fameux "bouchou ou choubou...", elle m'explique que ce sont des asperges sauvages, elle les cuit quelques minutes dans l'eau salée, les manges avec des lardons frits, un oeuf sur le plat, de huile d'olive, un peu de vinaigre, sel et poivre , il est 10h et j'ai déjà faim ! Elle accepte de poser pour une photo.
Une jolie chapelle borde le chemin  mais hélas elle est fermée. Toutefois, dans le cimetière attenant, je contemple des stèles funéraires basques...une merveille.
Lors de la bifurcation d'un chemin, deux options se présentent pour rejoindre Saint-Palais, je choisis la plus longue, non non je ne suis pas devenue folle, elle passe par la stèle de Gibraltar, endroit où se rejoignent tous les chemins de France pour aller vers Saint-Jean-Pied-de-Port. Je remomterai alors la voie de Vezelay durant quelques kilomètres.
Un fermier en tracteur nous interpelle, nous en profitons pour lui demander une bonne adresse pour ce soir, il nous explique que rien ne vaut les produits maison : je saute sur l'occasion, et le convains de nous vendre du fromage pour le pic-nic, il ne fais pas de vin...rien n'est parfait !
A la stèle, juste un petit monument et personne, dommage j'aurais aimé y rencontrer des têtes connues et appréciées.
Adios chemin du Puy !


samedi 19 mai 2012

14/5 Maslacq - Navarrenx

Au matin belle surprise pour tous, Chantal, la propriétaire du gîte nous a préparé une superbe table de déjeuner digne d' une chambre d' hôte. Je démarre en forme sous le soleil, à peine à la sortie du village je rencontre un trio de joyeux drilles : Gilles, Jean et Jean-Louis. Chaque année il passe une dizaine de jours sur le chemin, entre 50 et 60 ans, chacun sa spécificité : le photographe, faisant fi du poids il emmène son D 90 et mitraille visages, monuments et paysages; le botaniste attentif à toutes pousses végétales,  me parle des vertus purgatives d'une plante grimpante rencontrée: le faitbouchou à moins que ce soit faitchougnou...( en fait je ne me souviens plus de son nom ) et le religieux, un peu plus âgé et non dénué d'humour.
Pour la première fois, je vais marcher avec un groupe durant toute l'étape. Surtout avec Gilles qui a un rythme comparable au mien, nous parlons de tout et de rien et découvrons en fin de journée que nous sommes confrères. Cette année ils s'arrêtent après Roncevaux, Jean-Louis a de l'appréhension par rapport à la fréquentation élevée du Camino Frances. Durant un pic-nic partagé dans les sous bois, sur une jolie table , un banc assorti auprès d'une fontaine ( tout cela pour vous donner envie...) je leur explique l'itinéraire du chemin de côtier que je vais emprunté, tous trois semblent intéressés. Dés leur retour ils vont me suivre sur ce blog, j'ai passé une très bonne journée en leur compagnie emplie d' humour, de légèreté et parfois d' éléments de  réflexion plus profonde sur ma profession.
Ce soir, je loge chez l'Alchimist, un gîte privé tenu par Gaëtan, dans une très jolie maison au centre de Navarrenx. Depuis Miradoux, il parsème le chemin de petites ardoises où il inscrit des phrases pouvant ouvrir ou soutenir la réflexion de chacun. C'est sa manière d'être avec les pèlerins. Il nous prépare un délicieux repas où les crudités occupent une place importante ce qui est rarissime sur le chemin. Autour de la table, aucun visage connu, et un partage d' idées assez conventionnel.
Gaëtan me charge de deux ardoises une à poser  après Navarrenx et l'autre plus loin vers le chemin de la côte.


mardi 15 mai 2012

13/5 Pomps - Maslacq

Après un petit-déjeuner à la hauteur de l'accueil de la veille, un signe empli d'émotion à Christian et  échange des coordonnées, je continue le chemin. Peut-être nous reverrons nous sur le Norte, à partir de ce jour nos étapes divergent.
Un court chemin, 18 km, sans grand intérêt m'amène à Maslacq, sous un beau soleil.
Au gîte, la propriétaire s'est trompée dans les réservations, au tarif du dortoir elle m'offre une chambre seule avec salle de bain privée ! C'est déjà mon anniversaire ou quoi !
Après un long bain, je trouve enfin le courage d'écrire un rapport de conseil d'administration qui m'accompagne depuis Cluny, demain je serai tout à fait légère.Je vous rassure, je vais essayer de garder les pieds sur terre !
Au soir, repas au resto du coin avec trois autres pèlerins dont Henk belge d'origine néerlandaise.
Il me fait comprendre avec humour qu'il fête ses 64 ans ce soir en me faisant écouter " When i 'm sisty-four" de John Lennon. Ravi de nous avoir autour de lui et nous de même, nous fêtons dignement l’évènement : bougie, chansons et armagnac !

12/5 Pimbo - Pomps

Je sais : le titre de ce message fait plus penser à des onomatopées de bisounours qu'à une étape de Saint-Jacques de Compostelle dans les landes. Ce matin Nayuta a quitté le gîte aux petites heures n'ayant pas trouvé d' hébergement pour ce soir, elle tient à être présente à l'ouverture pour pouvoir bénéficier de la place d'un éventuel désistement. C'est avec Christian que je déjeune, lui aussi compte prendre le chemin du nord en Espagne et il m'indique un guide décrivant les trois étapes qui traversent le pays basque et permettent de joindre Saint Palais à Saint-Jean de Luz; il me fait également le topo de l'étape du jour. C'est  grâce à ses renseignements que je trouve une place à dormir ce soir. Depuis Lauzerte, je me sens en confiance avec lui, physiquement il ressemble à mon grand-père que j'aimais beaucoup; bien qu'il ai l'âge de mon père et ai exercé le même métier que lui...Encore durant cette journée nous nous croisons régulièrement et il me montre le chemin, hasards ?   Fancis Cabrel chante dans "Mademoiselle l'aventure" " il est des hasards qui sont des rendez-vous ". Je ne sais qu'en penser...et marcher c'est poser le pied sur ses pensées.
Il mousinne ce matin, comme aurait dit ma grand-mère, histoire de rester en famille.
Je profite de ce brumisateur naturel pour exposer mon visage qui va beaucoup mieux, merci; juste encore un peu de maquillage smoky vieux rose au dessus de l'oeil droit et quelques reliquats croûteux par ci par là ( pour vous ouvrir l'appétit !).
Il fait frais, le bonheur ! Je profite de tout ce qui m'entoure bruits, odeurs, goûts; j'avais oublié la saveur doucement sucrée de la base des trèfles roses. Par contre je suis outrée par une des plus grande arnaque de tous les temps : les violettes; j'en ai senti  et même goûté des dizaines depuis Cluny en passant par l'Aubrac, le Quercy, le Gers et tutti quanti, des parme, des blanches, des foncées ; verdict ni odeur ni saveur !
Je poursuis mon chemin par monts et par vaux, croise Nayuta marchant en sens inverse et comprenant son erreur; dépitée  repart à double allure .
Je passe près d'une demie heure devant une cavité dans un tronc d'arbre en essayant en vain photographier le  nid d'oisillons d'une mésange charbonnière, avec mon enthousiasme délirant j' ai oublié que je ne possède qu'un petit compact numérique, je vais essayer de garder ses images en mémoire, j'espère avoir assez de gigas!
A Pomps, Noëlle l'amie de notre hébergeur  vient nous chercher et nous redéposera demain sur le chemin. Quel bel endroit, une serviette de toilette, un lit avec de vrais draps, un repas savoureux nous attendent dans une ferme du 17 ème siècle appartenant à Raoul à l'accent délicieux et au sourire pareil. Il m'accueille en surnombre, ce soir je dors au milieu d'armoires béarnaises dans son salon, le Ritz !
                  


lundi 14 mai 2012

11/5 Barcelone du Gers - Pimbo

Après des adieux, Nayuta et moi décidons de marcher de concert, ayant réservé , sans se concerter au même endroit ce soir ! La traversée de Aire sur Adour n' est pas très intéressante, mais après une belle montée quelle belle surprise : une vue merveilleuse sur la chaîne des Pyrénées enneigées. Christian, qui sera  de la partie ce soir, semble également ému par le panorama.
A midi pi- nic dans les alentours ombragés de l'église de Miramont-Sensacq, les rares villages que nous traversons sont pratiquement déserts, ni épicerie ni boulangerie, je n' essaye même pas de vous parler de petits bars où trouver un breuvage quelconque. Il s' agit de s'organiser et l'eau potable...eh bien, tout bon pèlerin sait qu'il y en a dans les cimetières. En fin de parcours, une pose dans la jolie et fraîche chapelle de Sensacq ( vous placez ces deux adjectifs comme vous voulez, sachez qu'il fait plus de 32 degrés...) nous permet de trouver l'énergie pour continuer le chemin. derrière les arbres j'aperçois Pimbo ( pas bimbo, les garçons! ), une descente vertigineuse dans les sous-bois me ravigote et qu'elle n'est pas ma déception, à la sortie, de voir le village, oui mais juché sur une colline, de déception Nayuta m'entend crier un " Oh, non..." véhément .
Bon, je mords sur ma chique, et entreprends la montée en regardant le sol, par petits pas et avec l'aide des bâtons.
Nous arrivons au gîte en ayant des similitudes avec Johnny, si vous voyez ce que je veux dire...Christian, frais comme un rose, ayant déjà pris sa douche nous offre un verre de vin blanc froid; sans vouloir blasphémer, un goût de paradis !

10/5 Nogaro - Barcelonne du Gers

Contre toute attente, j' ai passé une nuit calme, merci Quies !
Départ tôt ce matin, la météo prévoit plus de 30 degrés, il y a deux semaines j'étais dans la neige et ces derniers jours les grillons bercent ma journée. Edith et Marie, deux jeunes pèlerines que je croise régulièrement depuis Moissac, Nayuta et moi avons réservé une chambre commune dans un gîte privé, un peu de luxe...
 Une petite brise m'accompagne en matinée, j' entrevois Christian, le policier liégeois à la retraite, il me branche sur le chemin à prendre afin de survivre à cette journée de grosse chaleur.
Très vite le soleil devient de plomb et malgré une halte sous les arbres à midi, je dois avoir du mal à connecter mes pauvres neurones amortis : je réussis à marcher 4 km en direction opposée à mon but !
J'interpelle une jeune femme en voiture qui m'explique qu'ici ni bus ni train ne passent, elle accepte de faire un détour et me redépose sur le chemin. Cette fois je décide de prendre la départementale, c' est tout droit, les bas côtés sont assez larges mais le souffle des camions n'est pas pour diminuer ma température corporelle.
Déjà que les personnes croisées me regardent, un peu inquiètes se demandant ce qu'il m' est arrivé, en plus maintenant le peu de peau intacte qu'il me reste est écarlate, promis je vous envoie une photo histoire de vous consoler si vous n'êtes pas satisfaits de votre minois.
Arrivée au gîte en état ( bien connu de l'acheteur ! ), nous nous préparons un petit repas d'enfer et de produits locaux, arrosé de Madiran. Demain Marie et Edith prennent une journée de repos, il est très probable que nous ne nous voyons plus...C'est ça aussi le Chemin :  partager puis se quitter en sachant que je laisse un peu de moi et emmène un peu des autres.

dimanche 13 mai 2012

9/5 Eauze - Nogaro

Je quitte tardivement la petite famille pour cause d'alimentation du bloc, et comme je tape sur le clavier à la vitesse d' un maréchal de logis prenant une déposition...vous mesurez le temps que cela me prend pour un article, aussi veuillez excuser les fautes d" orthographe et d' inattention...Bien que femme, il ne m'est pas toujours facile de faire deux choses à la fois !
La chaleur du soleil a déjà envahi l'espace mais les chemins sont ombragé et encore boueux par endroit en matinée. A mi journée j'arrive à Manciet où je retrouve Nayuta ( Fil ne cherche plus, c'est la bonne orthographe !). Nous communiquons avec mon anglais approximatif émaillé de quelques mots de néerlandais, le tout prononcé avec un accent  indéfinissable qui fait se rouler par terre mes enfants lorsque je parle. Et bien, ce langage couplé à des onomatopées nous permet de nous comprendre et même d'avoir de longue conversation. Revigorée par une petite salade gasconne accompagnée d' un verre de breuvage local, je poursuis mon chemin sous un soleil de plomb et une route trop fréquentée à mon goût.
Le gîte de Nogaro est situé dans la banlieue au milieu des grandes surfaces, nous dormons à treize dans une pièce heptagonale...Je vais m'acheter un pyjama et de nouvelles boules quies !
Nayuta apprécie les pâtes fraîches aux courgettes poêlées et tomates mi-cuites que je lui ai concoctées ! Nous mangeons à l'ombre et sous le parfum de pseudo-acacias, elle est pas belle la vie ?

samedi 12 mai 2012

8/5 Larresingle - Eauze

Après le pont D' Artigues, je quitte les deux cousines et Jacqueline, elles continuent vers Montréal et je me rends directement à Eauze par la route.  A cet endroit il y avait au moyen-âge un bâtiment qui accueillait 2000 personnes, il n' en reste que le pont...nous laissons bien peu de chose...
Après un début légèrement pluvieux, pendant lequel je m' abrite dans la chapelle de Routges (je n'ai  pas dit "rouchs" les footballeux !), le soleil fait une apparition remarquée au milieu des vignes, hé même pas mal la tête !
Dans les ruines d' une petite église romane du côté de Saint-Lanne, je découvre d' anciennes tombes au sein même du monument.
Au détour d' un chemin je retrouve Alain et son épouse, rencontrés à Chanaleille, quel plaisir de se revoir, ils ont eu des nouvelles de Jasper et moi via leur fils qui suit le bloc; ils me donnent des nouvelles de Danièle, la dame que j' avais emmenée faire du hors piste dans les marécages : elle a arrêté le chemin à Conques, très fatiguée. Si tu lis ce message Danièle, je t 'envoie de gros bisous.
L'arrivée à Eauze, sur le trajet d' une ancienne voie de chemin de fer me paraît interminable !
Je suis accueillie chez Pauline et Marcel qui ont ouvert cet accueil chrétien il y a 6 ans, leur petite Lucia de 1 an les accompagne, Martin, 3 ans, est en vacances.
Tout en préparant le repas et veillant à Lucia, Pauline est disponible à chacun et répond à mes questions sur son chemin de Compostelle, sa foi et ce qui les a amener, elle et Marcel à ouvrir ce gîte donativo et s'y consacrer totalement . Quelle richesse de partage, je remarque que ce type d'accueil m'est régulièrement nécessaire afin d'alimenter ma recherche spirituelle

7/5 Castelnau - Larresingle

Une de mes deux co-pèlerines de la nuit, Geneviève et Danièle, deux cousines faisant le chemin par morceaux, me renseignent une adresse gourmande : le ferme du Tollet à Larresingle. Danièle y est passée lors de son premier chemin en 2007, mémorable ! Nous décidons de nous y retrouver ce soir. C' est donc avec cette carotte que je vais avancer ce jour, la matinée est ardue : les chemins sont boueux à souhait et je m'en souviendrai la nuit prochaine, réveillée par des courbatures aux bras.
Arrivée à Condom, et oui quel chemin , après Moncuq, Condom; mais une fois de plus je vais vous décevoir, on prononce : Condon; toutefois il y a un musée de la chose, la preuve que vous n'êtes pas les seuls à être coquins ! Donc j'arrive dans cette jolie ville et j' y retrouve Jacqueline, rencontrée hier soir à Castelnau. Nous partageons un pic-nic sur un banc à l'ombre. Elle est infirmière, maman de quatre enfants dont une qu'elle a eu pendant ses études, que de choses à partager ! A deviser, le temps passe vite et nous découvrons Larresingle appelée la petite Carcassonne du Gers ! Ce village magnifique, surgit au milieu de nulle-part, et la magie de la marche permet de le découvrir petit à petit, de le déguster en quelque sorte telle une gourmandise longtemps attendue.
Nous atteignons ce gîte un peu surprenant, un cheval s'y promène tel un chien et vient vous quémander du sucre en passant la tête par les fenêtres et portes.
L' heure de l'apéro sonne , le propriétaire des lieux invite tous les pèlerins à un apéritif au floc de Gascogne de son crû, d' enfer mes amis!
Le repas suit avec un pâté de porc maison d' un élevage de famille : un des meilleurs que j' ai goûté ! Une canette au four, croustillante arrive alors accompagnée de frites maison à la graisse de canard ; à tomber là !
Et ce n'est pas fini , le tout est accompagné d' un côte de Gascogne bio maison, le dessert , un gâteau de madame aux ananas, copieusement arrosé d'armagnac...maison, mais là j' ai un peu peur de me répéter...surtout qu'attendrit par mon visage ,de Cassius Clay après une défaite au premier round par KO, j' ai droit à une double dose...
Quelle dure vie et que de privations sur ce chemin !


mercredi 9 mai 2012

6/5 Lectoure - Castelnau sur l'Auvignon

Hier, lors du repas, une pèlerine était en grande conversation avec Vincent, un jeune de 18 ans, lumineux qui fait le chemin; ce matin je marche avec elle. Maryvonne, presque 70 ans, beaucoup plus âgée qu'il n'y parait, est douce et déterminée. Elle est conteuse dans des maisons de repos et fait le chemin  tronçon par tronçon, elle y trouve l' inspiration , un peu de paix et de l'énergie à revendre !
Je lui raconte cette dame que j' ai rencontrée, qui brode des couvertures de couleurs douces, chacune unique. Terminées, elle les emmène dans un service de néonatologie où les infirmières en entourent les petits décédés trop tôt...Souvent les mamans gardent cette couverture, la dame-brodeuse ne les rencontre jamais, elle veut rester anonyme...
Une belle histoire, Maryvonne me dit que ce sera la dixième et q'elle lui donnera mon prénom; en nous quittant elle chante Ultréia, la chanson des pèlerins.
Vers La Romieu, je marche sur la route ,d' un pas alerte,  lorsqu'un orage éclate et je cours...j'ai oublié que je portais un sac à dos de 9 kilos. Et comme dirait le roi des papas ( Vincent Malone, à découvrir absolument pour ceux qui connaissent pas...), "Linda tu vas te fout par terre", bingo, je m' étale, au ralenti, face sur le bitume que je râpe, plutôt le contraire ! Un peu sonnée, recroquevillée sur le sol, j' essaie de faire un état des lieux !
Du sang sur le visage, peut-être une petite fracture du nez mais sans déplacement, le front d' un dauphin pilote, rien aux dents, des éraflures sur les joues, les avant-bras et les mains...Ouf ! pas de quoi arrêter Le Chemin. Impressionnés les occupants d'une voiture s' arrêtent et m'emmènent à l'office du tourisme convaincus par ma déclaration de profession. Dire que ce matin, devant le miroir, je trouvais que mon bronzage frôlait la perfection, Oh Vanité !
Je retrouve, Vincent , le jeune pèlerin, et Florent un québèquois; ils m'offrent le pic nic de réconfort. Vincent exhume un pain aux raisins datant de 48h, et nous tombons d' accord pour lui trouver des similitudes avec mon visage, les raisins en moins !
Ayant assez mal au dos, probable mauvaise réception de chute, je m'arrête à Castelnau dans un gîte privé où je dois quasi thérapisé le propriétaire qui craint la commotion cérébrale, la surinfection, le choléra ...et veut emmener chez...un docteur !

5/5 Saint-Antoine - Lectoure

En quittant Saint-Antoine, joli chemin dans des paysages vallonnés où la rosée commence à s'évaporer.En montant vers Flammarens des habitants ont installé un abri pour pèlerins : de l'eau, du café parfois des oeufs les y attendent; cette générosité spontanée et gratuite fait naître des bouffées d' émotion..;Le monsieur m'explique que :c'est normal d' aider les pèlerins !
Dans le village qui revit une jolie église romane en partie restaurée, grâce à l' énergie de quelques personnes qui ont persévéré dans leur nombreuses demandes d' aide et c'est une réussite ! Comme quoi : ne pas baisser les bras, appeler à l'aide et répéter ses appels plus fort, plus haut ...
Ensuite, il y a beaucoup de route jusqu'à Lectoure, je loge, face à la cathédrale, dans l'ancien " Hôtel des Trois Boules" ( vous verrez sur les photos pourquoi...) qui est devenu le presbytère. Des hospitaliers m'accueillent dans une salle à manger où un feu occupe une cheminée monumentale, René a fait le chemin avec son épouse, ensuite avec une association qui permet à des personnes handicapées de faire Saint-Jacques grâce à des joélettes que tirent et poussent cinq personnes. Une dizaine de kilomètres par jour, le reste en car, départ du Puy et arrivée à Saint-Jacques après deux semaines, lors de la soirée il me montre les photos de cette aventure; ça y est les filles, je rêve !
Autour de la table des pèlerins qui se sont croisés parfois, ces hospitaliers vont en un repas créer du lien entre tous, magie !

dimanche 6 mai 2012

Galerie photos III

Cliquez sur le lien pour découvrir les photos prises du 13 avril au 1er mai.
Les galeries sont aussi reprises dans le menu "pages" à droite.

samedi 5 mai 2012

4/5 Moissac - Saint-Antoine

Après quelques photos du carmel dans la lumière du soleil levant, je quitte Moissac et longe, sur l' ancien chemin de halage, un petit canal parallèle à la Garonne. Tout y est paisible...et plat, ce qui est loin d'être négligeable !
En rejoignant Auvillar, une pèlerine japonese, Nayuta ( orthographe Fil ?), m' attend, nous devisons chemin faisant. Il y a un an, elle a donné sa démission et décidé de prendre deux ans de recul, elle a 32 ans et est ingénieur spécialisée en géologie. Après avoir vu le film "Saint-Jacques - La Mecque" elle  décide de faire le chemin, je ne sais si la réalisatrice se doute du nombre de personnes qui ont eu le même désir...A midi, je passe devant une maison invitant les pèlerins à pique-niquer, se reposer, boire un thé ou loger...D' emblée, le propriétaire des lieux et sa femme se présentent et proposent de prendre un peu de repos: elle nous cuisine des oeufs sur le plat, pendant que Vincent, à notre demande , nous raconte que lui , aussi, a fait le chemin, en 2007 en partant de Suisse.
Arrivé devant cette maison à l'abandon, il en est tombé amoureux en quelque sorte, il y a pris son pic-nic et fait la sieste puis...a continué son chemin. Arrivé à Saint-Jacques il décide de changer de vie et de devenir hospitalier sur le chemin, la maison est toujours à vendre, il la retape et depuis mars 2011 il accueille les pèlerins dans un joli cadre reposant et familial. Ces services sont donativo, cela veut dire que chacun met dans une petite boîte ce qu'il veut; pour Vincent, il ne peut en être autrement sur le chemin...La cerise sur le gâteau : il aménage une partie du gîte pour l'accueil de personnes handicapées ! Cette générosité me touche infiniment et j' ai beaucoup de mal à retenir mes émotions, cela devient une habitude ! Je vais faire le bonheur de la firme Kleenex !

Des nouvelles du Loup...

Il dort, il mange, il boit, il dort , il mange et il rappelle régulièrement à son compagnon, Jules, que ce n'est pas parce qu'il est parti un mois qu'il n'est plus le chef ! Ensuite il dort, il mange, il boit...

3/5 Lauzerte-Moissac

 J' ai oublié de vous dire qu'hier j'avais traversé Moncuq, village célèbre suite au sketch de Daniel Prévost dans l' émission du Petit Rapporteur. Bien sûr, cela donne lieu à des blagues potaches, mais je l'avoue, drôles lorsque  on les écoute après une bonne journée de marche . Toutefois, au risque de vous decevoir...sachez que le "Q" se prononce...
Ce matin, Christian,  le liegeois, et moi avons négocié avec le tenancier du bar de la place une opération " croissant contre café". C'est de bonne heure que je m'exécute, nous discutons avec lui pendant une bonne heure de son plaisir d' accueillir les pèlerins qui sont à l' opposé des piliers de bar, il nous offre de surcroît du jus de chassalas, j' en entends qui ricane...non alcoolisé bien sûr, il n' est que huit heures du matin !
Me voici en route, à la chapelle de Saint-Cernin je croise Huguette qui est, tout comme moi, sous le charme de cet édifice roman dépouillé, où le seul ornement est un christ en bois ressemblant, un peu par sa silhouette, aux sculptures de Giacometti; le petit cimetière attenant est tout aussi prenant.
Je continue le chemin bercée par les  chants des crapauds et grenouilles, de quoi ravir toutes les pricesses en mal de prince charmant. Des dizaines de petits lézards se sauvent sous mes pas, mais je n'ai pas réussi à en embrasser un seul pour voir ce que cela donne...Ils courent trop vite, et vous vous rappelez que j' ai décidé de marcher. Je croise de splendides pigeonniers typiques de cette région, j' ai pris des photos et espère les mettre en ligne d'ici peu.
Après une traversée de zoning, sous un soleil de plomb, j'arrive à Moissac. Je loge dans l'ancien carmel où je retrouve les deux chevaliers suisses qui me proposent de visiter la cathédrale et le cloître avec eux : j' en suis ravie.
Ne sachant répondre à chacun , je vous remercie de vos messages d' encouragement, de soutien...
Après les avoir lus, ils me reviennent en mémoire en marchant, et les émotions de leur lecture me reviennent...Je souris, je ris, les émotions montent aussi...
MERCI à chacun et chacune.

mercredi 2 mai 2012

2 /5 Lascabanes- Lauzerte

Là je vais vous scotcher : départ 7h30, fin prête pour un étape de 24 km.
Au petit matin le soleil est déjà présent et c' est un plaisir de marcher, Huguette me précède de peu. Elle n' avoue pas son âge, seulement une fourchette entre 20 et 100 ans, plus près de 20..., elle fait le chemin par tronçon au départ de Grenoble et elle porte son sac, a vue de nez elle a au minimum 70 ans ! Elle ne sait si elle arrivera un jour à St-Jacques, cela dépend des problèmes de santé de son mari ou des siens; elle est génialement déraisonnable; mais nous le sommes tous plus ou moins sur ce chemin, belle rencontre !
Je traverse diverse collines couvertes de chênaies aux vallées cultivées. Une descente sportive ( il y a même des rambardes pour se tenir ) et une montée en plein soleil vers la splendide bastide de Lauzerte, ne me font pas regretter le carrix.
Le pèlerin liégeois m' offre une bière à l' arrivée, une certaine idée du bonheur. Une rencontre étonnante m' attend encore, deux pèlerins du Grand Ordre des Templiers de Paris, mais suisses, m' initient à la symbolique dans les églises romanes, j' ai l' impression d' être dans le livre de Paolo Coelho .
Florence m' a transmis des nouvelles du Loup, il est épuisé, plus un gramme de graisse, repos et régime hypercalorique...de quoi rêver mesdames !

mardi 1 mai 2012

1er mai : Cahors-La Rozière - Lascabanes

Ce matin il m’amène un peu après Cahors, là où nous aurions dus arriver sans les aléas, mais le chemin n’est pas celui que l’on décide , il est…c’est tout !
Ils repartent ensemble, j’ai le sentiment d’avoir pris la bonne décision, mais Bon Dieu, que c’est dur !
L' étape est assez courte, 19 km, je traverse le Quercy Blanc : des paysages relativement secs et désolés emplis de buis et de petits chênes rabougris,  rien à voir avec les géants de la forêt d' Anlier !
Je marche seule et n' ai envie de parler à personne, je passe mon temps à régler mon sac à dos avec lequel je dois me familiariser le carrix étant reparti en Belgique.
Je trouve une chambre in-extremis, au fond d' un couloir, protégée par un rideau.
Les pèlerins présents me semblent inconnus, jusqu'à ce que trois d' entre-eux me demandent où est Jasper.
Ils m' avaient croisés avant les Gentianes et avec mon attelage je ne passais pas inaperçue.
Je suis devenue une pèlerine comme les autres, une leçon d' humilité...
Il y a aussi un liégeois qui compte faire le chemin du nord en Espagne, il m' indique un guide qui décrit les étapes afin de rejoindre St Jean de Luz en pays basque sans passer par St-Jean Pied de Port.
parler avec eux me met un peu de baume au coeur. J' ai reçu un message de mon mari, ils sont bien arrivés à la maison et Jasper a repris ses habitudes avec joie, pas de désordre gastrique en vue.


30/4 Conques-Figeac

La Malle Postale vient nous chercher à 13h30, nous nous installons à l’hôtel « Le Terminus de St-Jacques », nom prémonitoire pour Jasper !

L’établissement est tenu par un couple belge, hé oui amis français l’envahissement de votre grand et beau pays a commencé, qui nous accueille avec beaucoup de gentillesse.

Jean-Claude arrive avec prévenance et amour, il me soutient, nous visitons Figeac.

29/4 Conques

Le comportement de Jasper durant la journée me confirme que j’ai pris la bonne décision, mon chien est épuisé.

Je profite de ces derniers moments avec lui, c’est dur…


28/4 : Le Soulié- Conques

Le lendemain, nous voici reparti pour une superbe étape vers Conques, mon loup me tracasse je vais devoir prendre une décision, mais elle est si dure…

Le chemin se passe bien et l’arrivée à Conques tout en émotion comme au Puy.

C’est un village grandiose, rejoints par Annick nous nous installons dans un mobil home sur le terrain de camping, sel endroit à accepter les chiens.
Nous décidons de rester un jour de plus, Annick souhaite s’arrêter pour se reposer et moi pour essayer, encore une dernière fois de remettre Jasper sur pattes !

Il ne cesse de vomir durant la nuit et c’est effondrée que j’accepte la proposition de mon mari de venir le rechercher…

27/4 : Estaing- Le Soulié

Jasper est un peu plus en forme mais ne garde toujours rien dans l’estomac.

Après les bons conseils et remède homéopathique de Léonard, je quitte tardivement le gîte, un dernier signe à Cécile, Julien et leur petit Tadé, et nous reprenons le chemin.

Je veille à m’arrêter régulièrement pour permettre à Jasper de se reposer, nous traversons l’Aveyron qui s’éveille au printemps c’est magnifique.

Chemin faisant, Jasper rencontre plusieurs congénères et, à mon grand plaisir, cela se passe pour un mieux : il a appris à parler chien !

À Campuac,  il ne veut plus avancer ! Je dois appeler un taxi pour nous emmener au gîte.

Quarante minute à attendre,  lorsque apparaît Emmanuel sur son scooter, le fils des accueillants d’Estaing ; ce jeune garçon va nous tenir compagne jusqu’à l’arrivée du transporteur, discutant de tout et de rien avec moi, tout en caressant Jasper avec beaucoup de douceur.

Merci Emmanuel de t’être arrêté par ce grand vent et cette température quasi hivernale.

J’arrive au gîte « Le soulié de St Jacques », Annick est là, ainsi que d’autres pèlerins croisés d’ici de là. Pour décrire cette soirée, il me faudrait des heures, pour ceux qui ont connu Sœur Marie-Claire ; sachez que Michel l’accueillant, en a le même enthousiasme, la même foi totale en chacun et parfois les mêmes doutes après déception…

Jasper ne mange toujours rien, il joue avec un des chiens de Michel.

26/4 : Estaing

Jasper réagit un peu plus et bois ce matin ; j’appelle mon amie Florence qui se met en rapport avec mon vétérinaire et me donne des consignes. Repos ce jour pour nous deux, soutenue par les accueillants dont le maître de maison un confrère homéopathe dans une autre vie, je m’y résous avec plaisir.

Et surprise qui arrive vers 15h…Annick qui a des douleurs aux pieds depuis 48h !

Demain nous repartons …

25/4 : Saint Côme d’Olt Estaing


25/4 : Saint Côme d’Olt Estaing

Ce matin Jasper vomit tout son repas d’hier…Je suis très inquiète et désire consulter un vétérinaire. À Espalion, un représentant du genre examine mon loup, il n’a pas maigri, l’examen physique et d’urine ne révèle rien d’inquiétant. Un simple traitement symptomatique et du repos devraient suffire. Il me conseille de prendre,une fois de plus, la route pour Estaing.

Elle me semble longue et sans fin, j’essaie même de faire du stop…Mais quel (le) est le (la) taré (e) qui prendrait une pèlerine, un chien et un carrix en stop…peut-être il (elle) existe mais il ( elle) ne passait pas par là ce jour-là.

J’arrive à Estaing en me disant que ces trois derniers jours ont vraiment été pénibles, chacun à leur façon. Le gîte est un accueil chrétien tenu par un couple dans la soixantaine et leur fils aidé par des hospitaliers, en ce moment un jeune couple et leurs quatre enfants ainsi qu’une hospitalière suisse pèlerine de l’an passée. Rarement j’ai rencontré des parents aussi cohérents dans leur partage de la spiritualité avec leurs enfants.

Tous les accueillants sont dans la disponibilité l’écoute et le don de soi, de quoi ouvrir des portes de réconciliation avec la religion.

Et, de l’empathie, j’en ai vraiment besoin ce soir, Jasper ne réagit quasi plus, il refuse de manger et de boire, il est anéanti et moi aussi, j’ai peur qu’il ne passe pas la nuit...

Je m’en veux terriblement de l’avoir emmené dans cette aventure : trop jeune et fougueux il ne s’épargne pas, je ne l’ai pas suffisamment entraîné avant, les conditions atmosphériques sont abominables et ces derniers jours sur route lui ont demandé beaucoup de concentration et d’énergie…Submergée par les émotions, je n’arrive pas à me joindre aux autres pour le repas du soir. Mon mari, par téléphone, arrive à me faire prendre un peu de distance et à, un peu, me convaincre que mon loup est surtout victime d’une grosse fatigue.

Soutenue par chacun,  je vais dormir.

24/4: Saint-Chély-Saint Côme d'Olt

Cette nuit Jasper a été malade, il n'a pas digéré son repas d'hier...Cela lui arrive parfois, je ne m'inquiète pas et stoppe les anti-inflamatoires; Démarrage sous un temps de fête nationale belge, j'ai prévu de prendre le chemin pour la première partie, cette fois nous marchons carrément dans des ruisseaux avec parfois de l'eau à mi-mollets ! A deux nous avons le moral, nous nous séparons lors d' une forte descente que l'on m'a déconseillée avec le carrix, je reprends la route, avec toutes les contraintes pour Jasper qui, toutefois, trouve que ma cape de pluie qui claque au vent le nargue et il essaie en vain de l'attraper. Il me fait rire quelques fois et me permets de prendre un peu de distance face à la lassitude que je ressens.
En reprenant le chemin, j'entends une petite voix qui m'appelle, là je crois savoir ce que vous craigniez et bien moi aussi j'ai peur pour ma santé mentale ...Mais non, c'est Annick qui pique-nique dans le sous-bois " j'ai une sardine et du pain en trop que je ne veux plus porter "!
Ce soir nous partageons un "nignon" petit gîte communal dans une tour moyenâgeuse à Saint-Côme d'Olt, charmant village que je vous engage à découvrir !

23/4 Nasbinals-Saint-Chély d' Aubrac

La fameuse étape de l'Aubrac commence aujourd'hui et il a neigé cette nuit !
D'après des habitués du gîte, le carrix devrait passer si je me tiens à distance du chemin là où se trouve les congères.
Comme d' habitude les dernières à quitter, sont Annick et Linda !
Marchant à des vitesses différentes, nous nous séparons dans la montée vers le plateau, les paysages sont magnifiques et des bancs de neige apparaissent, je suis les traces des pèlerin précédents, la neige y est plus dure et cela fait du bien de ne pas se sentir seule dans cette immensité sans repère évident.
Jasper se défonce : tunnels dans la neige, courses poursuites après du gibier imaginaire, sauts de cabri dans les congères; mais pendant ce temps moi je déguste avec le carrix : il s'enfonce dans les congères...Je dois l'en sortir à la force des avant-bras, quand je n'en peux plus c'est avec les hanches, et j'alterne un mode ensuite l'autre...Mes mains glacées me font mal: j' ai perdu mes gants hier et seuls mes surgants me protègent du vent...Régulièrement je m'enfonce dans les congères, parfois jusqu'à mi cuisses, et sous la neige les pieds sont dans l'eau des ruisseaux !
Pour tenir je me fixe de petits objectifs: une colline après l'autre, des pèlerins ont écrit dans la neige: COURAGE avec une flèche indiquant la direction, je tiens grâce à ces inconnus !
Le plus dur, c'est de ne pas savoir où j'en suis sur cette partie qui fait 8 km. Une tempête de grésil se lève maintenant, arrivée à un abri de bois, je n'en peux plus...Surgissent alors trois pèlerins dont Annick, il reste 12OO m avant le village d'Aubrac.
Ca va aller ! Nous terminons cette portion difficilement en portant le carrix à deux.
Arrivée dans le seul lieu d'Aubrac ouvert remarquée, beaucoup pensaient que j'avais pris la route avec ma chariotte ! Devant des visages connus et compatissants, je craque ...
Annick, Marcel et moi décidons de continuer par la route, 8km de descente sous un grésil qui se transforme en pluie avec de forte bourrasques de vent. Jasper n'est plus à la fête, durant tout ce trajet je l'oblige à rester au pied et à ne pas tirer, je perds patience plusieurs fois...
Enfin le gîte où nous nous retrouvons à une trentaine trempés et congelés.
Ouf !!! Il fait chaud !